[Coplan 54 ] Kenny, Paul - Défi aux ténèbres (1960, Fleuve Noir).pdf

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PAUL KENNY
DEFI AUX TENEBRES
EDITIONS FLEUVE NOIR
69, Boulevard Saint-Marcel — PARIS XIIIe
© I960 « Editions Fleuve Noir », Paris. Reproduction st traduction, même partielles, interdites. Tous
droits réservés pour tous pays, y compris l’U.R.S.S. et les pays scandinaves.
En raison du caractère d’actualité de cet ouvrage, l’auteur tient à
préciser que toute ressemblance entre certains personnages présentés ici et
des personnes vivantes ou ayant vécu ne pourrait être que le fait d’une
coïncidence. De même, l’interprétation de certains événements qui sont du
domaine de l’actualité ne relève que de la fiction romanesque. L’auteur
décline toute responsabilité à cet égard et rappelle qu’il s’agit ici d’une
œuvre de pure imagination.
Paul Kenny.
CHAPITRE PREMIER
L’express Paris-Amsterdam fonçait comme un bolide dans la nuit d’été.
Les voyageurs du wagon Pullmann, mollement bercés par les cahots du
rapide, somnolaient. Malgré la ventilation, la chaleur était accablante. La
fumée très dense des cigarettes planait dans la voiture et y rendait l’air
encore plus lourd, encore plus irrespirable.
Lucien Cournet, délégué commercial d’une importante société
d’électricité parisienne, n’avait pas résisté mieux que les autres à la torpeur
générale. Les reins bien calés contre le dossier de son siège, les paupières
fermées, il dormait. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, de
forte corpulence, au visage épais, au teint grisâtre. Les cernes violacés qui
soulignaient ses yeux bruns trahissaient un organisme surmené.
Pourtant, lorsque le douanier aux gants blancs et l’inspecteur du
contrôle de police pénétrèrent dans la voiture, Cournet, sans même relever
ses paupières, retira de sa poche intérieure son passeport et le tint dans sa
main droite en attendant le passage des deux fonctionnaires.
En réalité, le délégué commercial était de ces gens qui, depuis de
longues années, ont perdu jusqu’à la notion même du sommeil véritable.
Lucien Cournet, dans les pires moments de fatigue – alors même qu’il avait
le droit de goûter un repos légitime – conservait une conscience en éveil, un
esprit lucide, un don d’observation toujours sur la défensive. Ce surprenant
pouvoir était le résultat d’une ancienne discipline et la rançon d’un quart de
siècle passé dans les Services Spéciaux.
— Non, rien à déclarer, murmura Cournet en réponse à la question du
douanier.
— Vos bagages ?
— Ma serviette, rien d’autre, dit le voyageur en désignant du regard la
serviette de cuir fauve posée dans le filet.
— Je vous remercie, acquiesça le fonctionnaire.
Le contrôle de police fut encore plus bref. L’inspecteur ne jeta qu’un
rapide coup d’œil sur le passeport et le restitua aussitôt à son propriétaire.
Cournet remit le carnet dans sa poche, alluma une cigarette à la flamme
de son briquet en laque de Chine noire. Après quelques bouffées rêveuses, il
se leva pour gagner les waters.
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